jeudi 9 novembre 2017

La voix des grands-parents

Nous voilà, ma fille et moi dans la “tour de contrôle”, en réalité, c’est l’ascenseur de l’hôpital. Nous nous dirigeons, avec entrain, vers la chambre de ma grand-mère pour notre visite hebdomadaire. Détrompez-vous, c’est pour le plaisir et non par contrainte que  je vais passer du temps avec cette dame atteinte de la maladie d’Alzheimer. Sa chambre se transforme, alors en salle de jeux: on joue à la balle, on fait des casse-têtes et on chante des chansons.


Le sourire s’inscrit sur son visage en nous voyant arriver. Elle s’exclame de bonheur en voyant les yeux éblouissants de son arrière-petit-fille. Elle ne cherche pas à connaître qui nous sommes (elle est au stade de ne pas se souvenir de ses proches), elle se laisse envahir par la joie de l’instant présent. Voilà un des avantages de sa maladie; les douleurs du passé n’ont pas d'emprise sur elle, car étant dotée d’une grande sensibilité, tous les maux de la planète lui causait beaucoup de soucis. Il y a deux ans, alors qu’elle vivait sur la terre où elle a élevée ses huit enfants, j’allais la voir régulièrement, elle me disait souvent à quel point la misère des autres la bouleversait. Ça lui faisait du bien de bercer mon nouveau bébé. Je me souviendrai toujours de la fois où elle m’a dit son regret de ne pas avoir pris le temps de bercer chacun de ses enfants autant qu’elle aurait voulu. Les naissances trop rapprochées et l’absence totale son mari à la maison (sauf pour se faire servir) sont autant de raisons qui rendaient ses journées trop courtes et exténuantes. Je me suis donc promis de savourer mes maternités, les petits bébés ne restant pas indéfiniment dépendants de nos soins. Oui, c’est très prenant les premières années de vie, mais ça passe si vite. Bientôt, les voilà plus autonomes et la femme que nous sommes est prête à relever de nouveaux défis.




Dans le même ordre d’idées, il y a un autre enseignement qui me revient en mémoire. Celui de ma grand-mère paternelle que j’appelais affectueusement Mère-Grand. Elle regrettait de ne pas avoir les mêmes capacités que dans sa jeunesse pour accomplir des réalisations qu’elle jugeait, avec du recul et de la sagesse, plus importantes. Bref, ça revient à dire: “Si jeunesse savait et vieillesse pouvait”. J’en ai fait, dès cet instant, mon mantra. La relation intergénérationnelle est une grande richesse pour la communauté. La symbiose qui en découle apporte souvent des solutions appropriées aux lacunes de la société. L’idée n’est pas de d'imiter ce qui s’est fait par le passé, mais plutôt d’en tirer leçon pour évoluer collectivement.


Dailleurs, l’apprentissage d’un enfant se fait dans toutes les sphères de sa vie. Pour moi, mes grands-mères continuent d’être de bonnes enseignantes de l’art de vivre. Je retiens principalement l’importance de prendre soin de ceux qu’on aime et de les laisser choisir en les guidant plutôt qu’en imposant. Elles auront certainement permis de faire de moi une meilleure maman.


Voici une piste de lecture pour faire écho au sujet des relations intergénérationnelles: “La richesse révolutionnaire”! C’est un ouvrage écrit par deux futurologues, Heidi et Alvin Toffler. Ils abordent avec optimisme l’avenir en avançant que le savoir sera de plus en plus accessible pour toutes les classes sociales.

 Roxane Giroux

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