mercredi 12 juillet 2017

Régler les conflits de nos enfants ou les laisser faire seuls?

Un ami m'a fait le compliment dernièrement de me dire qu'il m'admirait comme mère. Il faut dire que celui-ci n'a pas d'enfant, mais il œuvre quand même dans le milieu scolaire, donc il a déjà vu nombre de parents agir. Après un « merci » j'ose tout de même l'interroger du regard afin qu'il m'explique ce que je peux avoir fait sous ses yeux qui mérite un tel compliment.

« Non c'est vrai! Je vois tes enfants qui se chicanent depuis tantôt et tu n'interviens presque pas, tu les laisses régler leur conflit seuls, c'est bien! »

J'ai eu envie de lui répliquer quelque chose comme : « Ben non c'est pas que je les laisse régler ça seuls, c'est simplement du déni que je fais! » ;)

Mais force était de constater qu'il m'avait effectivement percée à jour. Je laisse la plupart du temps mes enfants régler leurs conflits seuls. On s'entend que pour ce qui est des conflits avec le petit de 2 ans, je suis beaucoup plus présente et que pour toute querelle qui semble sur le point de dégénérer en bagarre absente de toute règle, j'essaie toujours d'intervenir avant le premier coup de poing.

Par contre, en général, ce n'est pas dès le premier : « Hey c'est à moi! » ou le « Arrête de faire ça! » que je m'en mêle. Cependant, comprenez-moi bien, ça c'est la maman avec l'expérience de 9 ans de maternité. J'ai aussi été la maman qui se disait : « Mes enfants seront empathiques et régleront leurs conflits de façon très éthique en tout temps! »
(Ben oui toi! Essaie de dire cela sans rire maintenant! Pardon à tous les parents qui se sentiraient choqués par mes propos, mais c'est peine perdue je vous garanti! Il y a toujours des coups de poing qui se perdent et dans ce cas, bien sûr je m'en mêle…;))

Bien sûr, je suis tout à fait consciente qu'il faut enseigner aux enfants comment régler leur conflit. Tout enfant qui ne se fera pas expliquer qu'il existe des moyens beaucoup plus efficaces que les coups pour se faire comprendre deviendra probablement une personne qui aura une relation très ambiguë avec l'autorité et la frustration. Par contre, selon moi, cet enseignement ne signifie pas de jouer à tous les coups le rôle de médiatrice, ou pire de metteur en scène, dès qu'un de mes fils vit une frustration. Dans ce cas, le seul enseignement que je ferais passer serait celui que je n’ai aucune confiance à mes enfants pour se débrouiller seuls et qu'ils auront toujours besoin d'un adulte en cas de difficulté. Bonjour les petits dénonciateurs en herbe qui développeront le réflexe d'être le rapporteur de service! (Et là je sais que l'image d'un enfant que vous côtoyez de temps en temps qui vous horripile royalement par son rôle de stool professionnel vient de vous apparaître...Ah ah! C'est cela qui vous attend si vous vous entêtez à régler tous les conflits de vos enfants à leur place… Mais non je rigole… en partie;))

Sans blague, voici plutôt ce que j'ai répondu à mon ami.
1- Le père de mes fils et moi enseignons effectivement à nos enfants comment résoudre leurs conflits, mais rarement lors des situations elles-mêmes. Sauf lorsqu'il y a un réel besoin d'un médiateur pour aider à ce que les 2 partis puissent être gagnants (c'est-à-dire quand on sent bien qu'il y a impasse dans les négociations entamées).

2- Lorsqu'on nous interpelle pour nous prendre à témoin, nous les questionnons sur ce qu'ils peuvent faire plutôt que de nous imposer en décideurs (et alors se perdre dans un dédal de questionnements pour tenter de comprendre qui est effectivement le plus fautif ou l'instigateur).

3- Nous utilisons aussi les moments de confidences sur des situations qu'ils ont vécues et où ils se sont sentis lésés, pour leur faire prendre conscience de ce qu'ils peuvent avoir fait vivre à d'autres.

Et surtout!
4- Nous les félicitons à chaque fois qu'ils trouvent une solution par eux-mêmes.

5- Même le plus jeune est très utile afin d'amener ses grands-frères à comprendre ce que veut dire le mot compromis. (Quoi de mieux que d'offrir quelque chose en échange pour récupérer le jouet volé?) Ou encore pendant un jeu avec des figurines, pourquoi ne pas faire vivre un conflit aux personnages et amener l'enfant à trouver la solution dans une situation où aucune pression n'est mise sur son égo.

Ainsi, sans être dans le déni comme je l'écrivais à la blague plus haut, sachant que pratiquement tous les jours mes enfants apprennent comment régler leurs conflits de façon harmonieuse, je sais très bien que je n'ai pas à accourir dès que le ton monte entre eux. Je reste à l'écoute et je suis toujours disponible si je sens que mon aide est vraiment nécessaire, mais sinon je leur fais le plus magnifique cadeau : celui de la confiance parentale accompagnée d'une corde de plus sur leur arc de l'autonomie.


Maman qui a troqué le rôle de médiatrice pour celui de figurante


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